De retour du Québec où
nous avons eu un merveilleux séjour de 3 mois avec la famille et les amis, on
s'empresse de se présenter à l'Office de l'immigration à Paris
pour compléter les formalités associées au visa de long séjour
qu'on a obtenu au Québec du Consulat français. Évidemment, il
reste bien quelques démarches à faire et quelques euros à
débourser pour obtenir ce fameux «Titre de séjour»... on vous
convoquera d'ici un mois nous dit-on pour une visite médicale...
Bon, il ne faudra donc pas trop s'éloigner de Paris puisqu'il faudra
y revenir... On décide donc de poursuivre notre tournée des
Châteaux de Loire. C'est un bon choix, l'automne est encore jeune,
il fait doux, les couleurs sont magnifiques et les touristes sont
tous retournés au boulot!
Le Château de Chambord |
Premier arrêt :
Chambord. Quand on a vu Chambord une fois, on ne peut
l'oublier. Ce sont d'abord ses dizaines de cheminées et tourelles
qui s'élancent de tous les toits dans un apparent désordre qui
attirent d'abord notre regard. Son architecture est malgré tout très
symétrique : à l'image d'une forteresse médiévale, un donjon
central flanqué de 4 immenses tours, deux ailes et une enceinte
clôturant le tout. Au centre du donjon, s'élève le célèbre
escalier à double vis qui dessert les trois étages du château.
Deux personnes empruntant chacune une volée d'escalier peuvent
s'apercevoir par les ouvertures mais ne se rencontrent jamais !
Escalier à double vis de Chambord, architecte probable : De Vinci |
François 1er n'a que 25
ans lorsqu'il lance l'immense chantier de Chambord. D'abord voulu
comme un relais de chasse, Chambord est la synthèse des formes des
siècles passés et de la nouvelle architecture de la Renaissance
italienne. On dit que c'est le château de la démesure : 156 m
long, 77 escaliers, 282 cheminées et 426 pièces. Comme pour tous
les châteaux de Val de Loire, on a surtout utilisé le tuffeau pour
sa construction; toutefois, c'est à Chambord que cette pierre
calcaire abondante dans la région, tendre et fragile a été
travaillée avec le plus de virtuosité.
Finalement, François 1er
ne séjournera que 72 jours en 32 ans de règne. Il ne verra pas
l'achèvement de son œuvre. Henri II, son fils et aussi un certain
Louis XIV, des rois également passionnés de chasse donneront à
Chambord l'allure qu'on lui connaît aujourd'hui.
Le Château de Cheverny |
Et puis ce fut
Cheverny... vous connaissez Cheverny ? Non ? Détrompez-vous...
si vous avez lu Tintin dans votre enfance, vous le reconnaitrez,
c'est le château qui a inspiré Hergé pour créer Moulinsart, le
célèbre château de l'album des «Bijoux de la Castafiore». Le
domaine appartient à la même famille depuis plus de 6 siècles, les
Hurault, famille de financiers et d'officiers. Encore aujourd'hui, un
partie du château est habitée par la famille. Ses pièces les plus remarquables sont la salle d'armes et la chambre du roi.
Salle d'armes de Cheverny |
On dit qu'au 19e siècle, la transformation en salle d'armes des plus grandes
pièces des châteaux seigneuriaux répondait à un goût très
prononcé pour le romantisme et la chevalerie. On y retrouve une
magnifique tapisserie des Gobelins du 17e, des armes et armures,
lances et pics, de très beaux fauteuils Régence, une malle
recouverte de cuir de Cordoue ayant appartenu à Henri IV et qui pèse
70 kg vide !
Quant à la chambre du
roi, elle était réservée au roi et aux invités de marque. Les
tableaux peints sur le plafond à caissons sont tirés de la
mythologie. Sur les murs, une collection de tapisseries réalisées
vers 1640 par les Ateliers de Paris qui précédèrent les Gobelins.
Le lit à baldaquin est recouvert de broderies persanes du 16e
siècle. Une série de fauteuils Louis XIV recouverts de tapissseries
d'Aubusson sont aussi exceptionnels.
Le saviez-vous ? À
l'époque, on dormait assis car la position couchée était réservée
aux morts et on avait également peur d'avaler sa langue. Le
baldaquin et les tapisseries servaient à conserver la chaleur. Le
lit est un signe ostensible de richesse. Il repose sur une estrade
dans le but de le mettre en valeur mais aussi de l'isoler de
l'humidité.
Le chiens de chasse de Cheverny |
Cheverny
est également un domaine de chasse réputé.
Son chenil abrite une
centaine de chiens français tricolores. Son parc à l'anglaise est
également magnifique; séquoias, tilleuls et cèdres gigantesques
affichent avec fierté leur âge vénérable.
Château de Chenonceau sur le Cher |
Au
tour de Chenonceau,
un autre chef-d'oeuvre de la Renaissance! Lui aussi on le reconnaît
facilement avec son immense galerie couverte qui enjambe le Cher.
On le surnomme «le château des Dames» car plusieurs femmes célèbres l'ont habité dont Diane de Poitiers et Catherine de Médicis. Chaque
pièce est richement décorée : tapisseries, peintures, bronzes
et meubles d'époque sont tous exceptionnels. Curieusement toutefois
ce dont on se rappelle le plus de Chenonceau, ce sont ses somptueuses
décorations fleurales et ses cuisines ! Chaque pièce est en effet
décorée d'un magnifique bouquet de fleurs coupées ce qui ajoute à
la beauté et au raffinement des lieux.
Quant aux cuisines, situées
dans les piliers du pont, elles sont spectaculaires! Jamais vu une
telle collection de casseroles en cuivre sans parler de l'immense
poêle à bois en fonte noire.
Deux grands jardins «à la française»
jouxtent le château. Celui de Diane de Poitiers est tout en élégance
et légèreté alors que celui de Catherine de Médicis est plus
intime. Les jardins du château exigent la culture de plus de 130 000
plants de fleurs annuellement, pas surprenant que nous ayons été
envoûtés par ceux-ci! Le potager est également remarquable. Les
jardiniers y cultivent une centaine de variétés de fleurs à
couper, plus de 400 pieds de rosiers et de nombreuses variétés de
légumes, certaines de collection.
Enfin,
pour les amateurs d'histoire, disons que durant la Seconde guerre
mondiale, le Cher, sur lequel est bâti Chenonceau, matérialisait la
ligne de démarcation. Ainsi, l'entrée du Château se trouvait en
zone occupée alors que la porte sud de la galerie donnait accès à
la zone libre ce qui a permis à la Résistance de faire passer de
nombreuses personnes en zone libre. Durant toute la guerre, une
batterie allemande se tenait prête à détruire le château à tout
moment... heureusement que ce ne fut pas le cas !
Chenonceau,
une visite vraiment exceptionnelle et aussi un accueil très
chaleureux dans la commune. On nous a permis de stationner pendant 3
jours presque à la porte du château, en attendant que le soleil
revienne pour qu'on puisse jouir des plus belles vues du château. Un
beau tour de vélo dans la campagne environnante nous a aussi
enchantés! Nous en sommes revenus les paniers plein de succulents raisins qui avaient été laissés sur les vignes... menoum, menoum
!!!
La Cité royale de Loches |
Loches,
la Cité royale et le Donjon. Retournons
au Moyen-Âge. La cité royale de Loches est construite sur un éperon
rocheux et occupe une place stratégique de premier ordre. La ville
est protégée par une triple enceinte; la pointe sud est renforcée
par le donjon tandis que le logis royal domine la pointe nord. Ici
aussi des femmes ont laissé leur marque. Jeanne d'Arc y
rencontra Charles VII et le convainquit de se rendre à Reims afin
d'y être sacré roi de France. Agnès de Sorel y vécut et son
tombeau y est conservé. Première maîtresse du roi Charles VII et
d'une grande beauté, elle exerça une grande influence sur le roi; à
25 ans, elle meurt d'un étrange flux au ventre. Anne de Bretagne y
séjourna également; un Oratoire, construit pour elle en 1500 est un
chef-d'oeuvre de style gothique flamboyant.
Donjon de Loches |
Le donjon quant à lui date du XIe siècle. Il est tout à fait
conforme à l'idée qu'on se fait d'un donjon médiéval :
une salle de gardes, une salle des supplices, des cachots, de
nombreux couloirs souterrains, une barbacane, une terrasse destinés
à recevoir les pièces d'artillerie etc.
Loches, c'est aussi une très belle ville fleurie où il est très
agréable de se balader.
Petite
pause dans nos visites de châteaux, on va se balader par
une très belle journée d'automne dans le Zoo de Beauval, le plus beau zoo de la
France, un parc animalier hébergeant 4 600 animaux (400
espèces). Ceux qu'on a aimés le plus ? Les tigres et lions blancs,
toujours impressionnants ces fauves. Les primates sont toujours aussi
fascinants... du minuscule ouistiti si espiègle en passant par les
lémuriens, les chimpanzés, les macaques et les orangs-outans et les
gorilles...la question demeure, l'homme descend-il du singe ?
Les okapis sont originaires du Congo |
Bien sûr, les girafes sont toujours aussi belles mais il y a aussi
son cousin, l'okapi originaire du Congo. Animal au long cou à la
fourrure de velours rasé et aux fesses finement rayées, il marche
gracieusement comme un cheval à l'amble (patte avant et arrière du
même côté). Il nous a aussi fait grand plaisir de revoir les
mignons koalas et nos chers kangourous d'Australie... que de
souvenirs!
Le Zoo de Beauval nous fait passer tellement une belle journée avec
toute cette superbe faune qu'on parvient presque à oublier que ces
animaux sont privés de leur liberté... dur, dur d'avoir des
principes...!
Château d'Amboise sur la Loire |
Le château d'Amboise et celui de Clos Lucé. quelle paire ils font ces deux-là!
Présentons d'abord d'Amboise. Le château qui date du 15e siècle a
passé du style gothique flamboyant (Charles VIII – Louis XII) au
style Renaissance (François 1er... oui encore lui... vous vous
rappelez Chambord ?). D'abord un château seigneurial, il est bâti
en pleine ville, sur le bord de la Loire. Ce haut lieu de l'histoire
de France possède une exceptionnelle collection de mobilier gothique
et Renaissance qui témoigne du raffinement artistique de la Cour et
du nombre de lettrés et d'artistes européens qui ont séjourné à
Amboise à l'invitation des souverains. Le plus illustre est bien
entendu Léonard De Vinci dont la dépouille repose dans la chapelle
du château.
Char d'assaut version De Vinci |
C'est à l'invitation de François 1er que De Vinci viendra
s'installer à Amboise, au château Clos Lucé, en 1516; il avait
alors 64 ans et le roi, 22 ans. On dit d'ailleurs que François 1er
considérait de Vinci un peu comme son père. Léonard vivra les
trois dernières années de sa vie à Clos Lucé et y travaillera
sans relâche à de nombreux projets pour le roi (dessin et
enseignement notamment dans le domaine des canaux, de l'urbanisme et
de l'architecture). Il aurait aussi imaginé plusieurs
divertissements pour le roi. En effet, ce dernier entendait
introduire la courtoisie dans le mœurs des nobles; il ouvre donc sa
Cour aux femmes et organise de multiples divertissements et fêtes.
La résidence de De Vinci, le château Clos Lucé est très
intéressant à y visiter. On y expose une quarantaine de maquettes
réalisées à partir des dessins faits par de Vinci : il y a
500 ans, de Vinci avait déjà imaginé l'aéroplane, l'automobile,
l'hélicoptère, le char d'assaut et le parachute ! On se balade
aussi dans le parc du château où sont suspendues d'immenses toiles
des peintures et dessins de de Vinci et on y entend les réflexions
de Léonard sur la botanique, le corps humain, le vol ou le portrait,
l'effet est saisissant ! Un dernier clin d'oeil de Léonard... un peu
partout dans le château, on a affiché des citations de De Vinci; en
voici quelques unes pour votre réflexion :
- Ne pas estimer la vie, toute la vie, c'est ne pas la mériter.
- Quand je croirai apprendre à vivre, j'apprendrai à mourir.
- La passion intellectuelle met en fuite la sensualité.
- Une journée bien remplie donne un bon sommeil; une vie bien remplie donne une mort tranquille.
- Ne pas prévoir, c'est déjà gémir.
- La nature n'enfreint jamais ses propres lois.
- Qui peut arrêter la haine, sauf l'amour.
- L'amour triomphe de tout.
- Je crois que le bonheur nait aux hommes là où l'on trouve du bon vin.
- Le mouvement est la cause de toute vie.
- Veux-tu rester en bonne santé, suis ce régime : ne mange point sans en avoir envie.
Cette visite de Clos Lucé nous présente De Vinci, le génie mais
aussi l'homme, fascinant !
En
route pour Azay-le-Rideau, on s'arrête à Tours
question de faire quelques courses, notamment l'achat d'un
téléviseur... pas tant pour la télé mais surtout pour pouvoir
regarder films, spectacles, vidéos et photos sur un grand écran...
Réal en rêvait depuis longtemps de son «grand» écran!
Évidemment, dans un camping-car, on ne pense pas installer un cinéma
maison mais nous avons trouvé un coin pour installer une télé 32
pouces... toute une différence avec la 16 po d'origine du
camping-car ou nos écrans d'ordi de 13 ou 17 pouces! Quel beau
spectacle! Quelles belles soirées en perspective!
Vieux quartier de Tours |
Tant qu'à être à Tours, on en profite pour faire... un tour de
ville! Le vieux quartier piétonnier de Plumereau présente un
ensemble de maisons médiévales à pans de bois assez unique. Il y a
aussi la cathédrale St-Gatien, imposante malgré le fait qu'elle
soit coincée entre plusieurs édifices. Il faut aussi dire que
Tours, la capitale de la Touraine, se vante d'être une cité
gourmande. Région vinicole réputée pour ses vins blancs (Vouvray
et Montlouis) et ses fameux rouges (Chinon, Bourgeuil et St-Nicolas),
elle offre aussi de nombreuses spécialités gastronomiques :
rillettes, andouillettes, foie gras fromage de chèvre et j'en passe!
Château Azay-le-Rideau sur l'Indre |
À
quelques km à l'ouest de Tours, sur l'Indre, on rejoint le château
Azay-le-Rideau.
Le temps maussade ne lui rend probablement pas justice mais on
retient quand même la superbe allée d'arbres qui nous mène au
château et sa situation sur l'Indre qui nous offre un superbe
réflexion dans l'eau pour les photos. Quant aux pièces du château,
elles ne sont pas meublées avec autant de richesse qu'à Chenonceau
ou Chambord; le faible éclairage fait aussi en sorte qu'on ne peut
les apprécier à leur juste valeur.
Par
contre, on fait étape près du château et on découvre là un
village fort intéressant : Villaines-les-rochers,
la capitale de la vannerie! Plus de 70 des 300 artisans vanniers qui
restent en France y travaillent. Un parcours pédestre de 5km dans la
commune et dans la campagne environnante nous présente le métier de
vannier et aussi la culture de l'osier, la matière première qui
pousse très bien dans cette région. De plus, on y découvre de
nombreuses maisons troglodytes, la plupart des familles y logeant au
18e et 19e siècle. La plupart des vanniers sont regroupés dans une
coopérative et fabriquent des pièces traditionnelles :
mobilier, plats, plateaux, corbeilles, etc. Par contre, nous avons
rencontré une artisane qui produisait des pièces plus artistiques
que nous avons bien aimées. Voici son site internet si jamais la
vannerie vous intéresse : http://www.romand-art.fr
Nous remontons sur Paris pour rencontrer l'Office d'immigration et,
espérons-le finaliser les formalités reliées au fameux visa de
long séjour mais on y apprend qu'il faudra encore patienter 15
jours...! En 7 ans de voyage autour du monde, la France gagne
largement la palme dans le dossier des formalités de séjour! Mais
bon, on leur pardonne aux cousins, ils ont tellement un beau pays et
on comprend aussi les problèmes qu'ils ont avec l'immigration...