4 au 16 novembre 2011
Sur la grande rue de Barbizon, des reproductions en mosaïque de toiles ; ici, l'Angélus de Millet |
Nous voici en novembre,
il y a un mois que nous sommes rentrés du Canada et nous sommes
toujours en attente de la fameuse vignette qui validera notre visa de
long séjour en France... on nous la promet pour le 15 novembre,
prenons notre mal en patience, il y a pire !!! Heureusement pour
nous, l'automne est encore beau dans les environs de Paris, 12-15 C,
dans le jour, encore des feuilles aux arbres et de belles journées
ensoleillées. De toute façon, au sud, ils ont des pluies
torrentielles, les cours d'eau débordent, nous sommes mieux ici
finalement...
En attendant, des amis
français nous conseillent d'aller se balader autour de Fontainebleau
à 60km au sud-est de Paris. Par hasard, notre premier arrêt est à
Barbizon, à quelques km au nord de Fontainebleau. On y
découvre avec ravissement une petite commune toute dédiée aux arts
et à la peinture. C'est en effet à Barbizon que des peintres tels
Jean-François Millet, Théodore Rousseau et Jean-Baptiste Corot ont
élu domicile autour des années 1850 pour y peindre la nature, les
paysans et la campagne. Merveilleusement bien située, en bordure de
la forêt de Fontainebleau, Barbizon regorge de sujets intéressants
et des peintres de toute l'Europe y viendront et contribueront à y
fonder l'École de Barbizon réunissant des peintres paysagistes.
Après la révolution, finies les peintures illustrant les rois et la
noblesse et puis, Paris est insalubre, il ne fait pas bon y vivre.
Les peintres se tournent vers la nature et apprécient la vie simple
et pure de la campagne. «C'est à pied qu'ils arrivent de
Paris... tout les y ravit : le jeu de la lumière dans les
sous-bois, les teintes sombres des futaies, les étangs, les ciels
orageux, les variations de la nature au gré des saisons, ou de la
journée... Chevalet au dos, ils désertent les ateliers et partent
en plaine, en forêt surprendre la nature chez elle.» Millet
peindra à Barbizon ses plus grandes œuvres : L'Angélus et Les
glaneuses. Il y passera les dernières années de sa vie et y est
enterré.
Couleurs d'automne à Barbizon |
Aujourd'hui,
Barbizon a gardé son charme campagnard avec ses maisons cossues en
pierre couvertes de lierre, ses jardins de roses et surtout avec la
magnifique forêt de Fontainebleau qui la jouxte et qui a inspiré
tous ces peintres. Il fait bon maintenant y marcher et, à notre
tour, se sentir artiste et croquer en photo un rayon de soleil, un
grand chêne ou un minuscule champignon.
Château Vaux-le-Vicomte |
La
très gentille dame de l'Office de tourisme de Barbizon nous
recommande de plus d'aller visiter le Château
de Vaux-le-Vicomte à une
quinzaine de km de Barbizon. Encore un château... nous sommes un
peu perplexe... nous en avons vu pas mal en Val de Loire... Oui,
mais il est très beau et en plus, ce dimanche, c'est la Fête du
chocolat au château... Oups,
nos estomacs frémissent, notre palais s'en délecte à l'avance...
Allez, nous irons au château dimanche... et nous ne l'avons pas
regretté ! Jamais vu autant de chocolat ! Tous les grands
chocolatiers de Paris et de la région s'y sont donné rendez-vous et
offrent leurs produits à la dégustation... miam, miam, on oublie la
balance, demain le régime ! C'est du sérieux le chocolat... autant
que le vin ou presque... ! Il y a aussi une intéressante conférence
sur l'accord chocolat-vin, avec dégustation, bien sûr ! En passant,
on y apprend qu'il n'est plus de mise de servir du champagne au
dessert; auparavant les champagnes étaient sucrés ce qui n'est plus
le cas maintenant, ils sont plus acides et se marient moins bien aux
desserts.
Après
avoir réussi (avec beaucoup de mal) à nous extirper des zones
«chocolat», nous avons fait la visite du château et de ses
jardins. Vaux-le-Vicomte, château de Nicolas Fouquet,
Surintendant des finances de Louis XIV, est un chef d'oeuvre de
modernité et d'élégance qu'aucune demeure royale n'était à même
de rivaliser au 17e siècle.
C'est d'ailleurs ce qui valut à Fouquet sa perte. Colbert manigança
et convainquit Louis XIV de la malhonnêteté de Fouquet à son
endroit. Ébloui par tant de fastes, le jeune Roi Soleil fit
emprisonner à vie son ministre qui lui faisait tant d'ombre et
s'inspira de Vaux-le-Vicomte pour construire son château de
Versailles.
Château de Fontainebleau |
On
laisse passer deux journées maussades et on attaque le Château
de Fontainebleau de bon
matin. Bien nous en fit !
Avec
plus de 1500 pièces déployées au cœur de 130 hectares de parc et
jardins, Fontainebleau est le seul château royal et impérial habité
continuellement pendant sept siècles.
Lieu de
résidence et de réception des rois et des empereurs depuis le 12e
siècle, Fontainebleau a été sans cesse rénové et agrandi selon
les goûts du jour. François 1er (encore lui !), Henri IV et
Napoléon Bonaparte y ont particulièrement laissé leur empreinte.
C'est d'ailleurs au pied de grand escalier de la façade du château
que Napoléon adressa ses adieux à ses troupes avant d'être exilé
à l'île d'Elbe.
Grande galerie de Fontainebleau |
Tel qu'on le visite
aujourd'hui, le château de Fontainebleau se présente, pour
l'essentiel, dans son dernier état historique connu, celui des
années 1860, sous le second empire, avec les ameublements et
aménagements souhaités par l'empereur Napoléon III et
l'impératrice Eugénie. Alors que brillent les derniers feux de la
monarchie en France, Fontainebleau est une résidence dans laquelle
la famille impériale vient en villégiature avec quelques intimes,
en mai et en juin, juste avant l'été.
Place Chatel à Provins, Tour César et clocher de la Collégiale St-Quiriace dans la brume |
Après
le faste et la luxure de Fontainebleau, le contraste est marquant en
arrivant à Provins,
une petite ville médiévale encore fortifiée. La température y met
même du sien pour rendre le décor encore plus gris et mystérieux.
Une brume épaisse enveloppe la ville qui, en ce début novembre est
presque déserte. En été, Provins est le théâtre d'importantes
fêtes médiévales, comme à Québec; les nobles, les châtelaines
et les chevaliers déambulent dans les rues et nous transportent au
Moyen-Âge, Provins étant à cette époque un lieu réputé pour sa
foire; les marchands venaient de partout pour vendre leurs
marchandises. Habillés chaudement, il est agréable d'explorer ses
rues étroites et, à chaque détour, de jouir d'un nouvel angle de
vue sur la Tour César (le donjon) ou la Collégiale St-Quiriace
(connaît pas mais Wikipedia dit que c'est le nom d'un évêque de
Jérusalem, mort martyr...!!!). À Provins, nous sommes dans le comté
de Champagne et aussi dans la région du fromage Brie; nous avons
bien sûr goûté au Brie de Provins... doux, onctueux, délicieux.
Un
peu au sud de Fontainebleau, on s'arrête à Moret-sur-Loing
qui nous a aussi conquis! Cette cité médiévale fortifiée a
conservé les traces de son passé : donjon, remparts, portes et
collégiale. Là aussi, des impressionnistes s'y sont établis, le
plus célèbre étant Alfred Sisley (1839-1899) qui y vécut plus de
20 ans. Un parcours de 18 km à vélo nous a permis de voir
différents sites où Sisley a posé son chevalet; certains sites ont
gardé tout leur charme et on reconnaît bien l'endroit quand on
regarde le tableau de Sisley. Vraiment très intéressant de voir
comment ce grand artiste a traduit sur ses toiles les paysages qu'on
observe.
Moret-sur-Loing |
Le Pont de Moret par Sisley |
La Collégiale de Moret |
Le
14 novembre, on rentre sur Paris puisque le 15 nous devons nous
présenter à l'Office d'immigration pour obtenir LA vignette qui
validera notre visa de long séjour pour la France. Heureusement
qu'on avait prévu un peu de marge de manœuvre dans notre horaire,
il y a des problèmes dans le métro et le trajet qui devait prendre
moins d'une heure prendra plus de 1,5 hre! On arrive à 10h30 pile!
Bien nous en fit car la dame à l'accueil n'entend pas à rire... par
contre, tout le reste du personnel du bureau est fort sympathique et
accueillant. Visite médicale et tout le tralala, 1,5 hre plus tard,
la fameuse vignette est collée dans notre passeport !!! ENFIN !!! Mais
ce n'est pas fini... le lendemain, de bon matin, Réal doit se rendre
à la Préfecture de police pour l'échange de permis de conduire...
On vous fait grâce des péripéties, le tout lui prendra un bon 7
heures mais finalement, il l'obtiendra, enfin presque... il lui sera
transmis dans 3 semaines par la poste. Quelle diligence
l'administration française !
C'est
l'aboutissement d'un processus entamé il y a 6,5 mois, le 1er mai...
Il fait froid à Paris; les parisiens ont sorti leurs duvets, leurs
bonnets et leurs gants; le ciel est gris et le froid mordant.
On fait
nos bisous à nos amis Delphine, Laurent, Lucas et Lou-Anne qui nous
ont encore une fois accueillis si généreusement chez eux. On met le
cap plein sud, il nous reste 5 semaines avant de s'envoler pour la
Martinique et nos croisières aux Antilles le 23 décembre.